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L’innovation pour le bien dans le secteur pharmaceutique ?

Publié le 12 Avril 2021 - Mis à jour le 15 Septembre 2021

Au cours des douze derniers mois, la réponse éclair de l’industrie pharmaceutique à la pandémie de la Covid-19, sous la forme de la mise au point de vaccins efficaces, a démontré tout le brio de la science et a aidé le secteur à se défaire d’une bien mauvaise réputation.

La tâche herculéenne consistant à vacciner la planète entière a commencé, mais l’ampleur de cette épreuve logistique signifie que son déploiement prendra des années. Les premiers progrès ont été lents et inégaux, et le nombre grandissant de nouveaux variants qui surgissent jette le doute sur l’efficacité à long terme des vaccins qui sont administrés.

La pandémie a peut-être été l’occasion pour les grandes entreprises pharmaceutiques d’illustrer leur contribution à l’humanité, mais leur réputation peut-elle être redorée pour de bon ?

Une piteuse situation de départ

En septembre 2019, une enquête réalisée aux États-Unis par l’institut Gallup a révélé que l’industrie pharmaceutique était « le secteur le plus mal considéré aux yeux des Américains ». Arrivé bon dernier sur une liste de 25 industries1, le public américain en avait une image extrêmement mauvaise. Des opinions similaires peuvent être constatées dans d’autres régions du monde, en particulier dans les pays développés.

Une grande partie de ces critiques était due à des allégations de surfacturation des médicaments de la part de sociétés pharmaceutiques dépeintes comme des profiteuses uniquement préoccupées par leurs propres intérêts et peu dotées de conscience sociale. Le Président Trump s’est fréquemment répandu en injures contre l’industrie pendant sa présidence, tandis que l’administration Biden a indiqué qu’elle tenterait d’abaisser les prix des médicaments. La propagande anti-vaccination allait également bon train avant la pandémie. Une augmentation de la rougeole avait été attribuée au faible recours aux vaccins disponibles et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait désigné l’hésitation vaccinale comme l’une des dix plus grandes menaces pour la santé mondiale2.

Une transformation spectaculaire

Lorsque l’OMS a confirmé en mars 2020 que l’épidémie de Covid-19 était une pandémie, peu auraient pensé qu’un vaccin serait prêt, approuvé et utilisé avant la fin de cette même année. Toutefois, les scientifiques se sont rapidement mis au travail et les essais de phase 1 des vaccins qui ont débuté dès le printemps 2020. En novembre, ces vaccins avaient à la fois démontré des niveaux d’efficacité corrects et étaient passés au stade de l’autorisation de mise sur le marché dans le monde entier.

Le rythme de cette réponse a véritablement été époustouflant. A vrai dire, il s’agit de la mise au point d’un vaccin la plus rapide de l’histoire. En effet, et pour donner un élément de comparaison, les essais cliniques durent en moyenne 6 à 7 ans, des années auxquelles s’ajoute le temps supplémentaire nécessaire pour obtenir l’approbation des autorités de réglementation.

Un déploiement inégal des vaccins

Jusqu’à présent, plus de 8,5 milliards de doses de vaccin<3 ont été précommandées, ce qui est techniquement suffisant pour couvrir la moitié de la population mondiale (en supposant que la plupart des vaccins nécessitent deux doses). En outre, début février, le nombre de vaccins contre la Covid-19 administrés dans le monde entier a dépassé le nombre total de cas confirmés, soit plus de 100 millions4. C’est là un début encourageant, mais le monde a encore un long chemin à parcourir avant que le virus ne soit maîtrisé.

La complexité logistique de la vaccination de la planète tout entière ne peut être sous-estimée, et encore moins le coût de cet exercice. Il n’est donc pas surprenant que les pays riches figurent en tête du classement mondial des campagnes de vaccination. La stabilité de la chaîne d’approvisionnement est actuellement la préoccupation numéro un et même les pays développés ne sont pas à l’abri. L’Union européenne a été accusée de protectionnisme vaccinal lorsqu’elle a menacé de contrôler les exportations de vaccins fabriqués dans l’UE, et ce, en raison des inquiétudes liées à ses propres approvisionnements.

L’accaparement des vaccins par les pays plus riches a été dénoncé par le Directeur général de l’OMS qui a averti que le monde était au bord d’un « échec moral catastrophique » si l’on ne faisait pas plus pour aider les pays les plus pauvres. L’année dernière, l’OMS a créé le Mécanisme COVAX visant à tenter d’assurer une distribution équitable. Jusqu’à présent, le COVAX n’a réussi à atteindre que la moitié de son objectif de fournir 2 milliards de doses de vaccins gratuitement ou à un coût réduit. Toutefois, des pays riches, comme le Royaume-Uni, ont déclaré que s’ils se retrouvaient avec un excédent de doses, ils auraient alors l’intention de les mettre à la disposition d’initiatives de soutien aux programmes de vaccination dans les pays plus pauvres.

De même, la distribution des vaccins dans les régions les plus pauvres du monde serait considérablement accélérée si les entreprises à l’origine des vaccins étaient prêtes à renoncer à leurs droits de propriété intellectuelle dans certaines zones géographiques. Elles s’y opposent jusqu’à présent, mais cela pourrait donner un coup de pouce décisif à la réputation du secteur.

Une mine d’or ?

Le coût des médicaments et la capacité des entreprises pharmaceutiques à s’enrichir expliquent la mauvaise réputation de l’industrie et le caractère lucratif du vaccin contre la Covid-19 va être examiné à la loupe. Parmi les trois premiers vaccins approuvés, le vaccin du laboratoire britannique à Oxford est actuellement le moins cher avec un prix d’environ 4 dollars la dose. Celui-ci affirme que ce faible prix ne fait que couvrir ses coûts et qu’il restera tout aussi modéré pendant toute la durée de la pandémie. Une entreprise biotechnologique américaine a fixé le prix de son vaccin à 37 dollars la dose, tandis que l’autre vaccin en provenance des États-Unis est à 19,50 dollars la dose. Aucune de ces entreprises ne s’est engagée à respecter la promesse de non-réalisation de bénéfices du laboratoire britannique et, selon Morgan Stanley, un des vaccins américains devrait permettre de générer 13 milliards de dollars (9,8 milliards de livres sterling) de ventes au niveau mondial5.

Il est également important de reconnaître que ces grandes découvertes scientifiques ont été rendues possibles grâce à des milliards de dollars de capitaux publics et philanthropiques. Selon la société d’analyse de données scientifiques Airfinity, les gouvernements ont versé 6,5 milliards de livres sterling à la recherche sur le vaccin contre la Covid-19, tandis que les organisations à but non lucratif ont donné près de 1,5 milliard de livres sterling6.

Naturellement, les laboratoires pharmaceutiques ont entièrement le droit de tirer profit de leurs réalisations, mais à quel moment la juste récompense de la réussite franchit la ligne de la réalisation de bénéfices exorbitants, en particulier lorsque des fonds publics ont été mis à contribution ?

Se faire vacciner ou pas…

Outre les entreprises pharmaceutiques elles-mêmes, le concept de vaccination a également un obstacle important à franchir en matière de relations publiques. Si une étude de 2020 sur l’acceptation du vaccin contre le coronavirus, publiée dans Nature Medicine et menée dans 19 pays, a révélé un niveau d’acceptation mondial moyen de 71,5 %, il a toutefois mis en évidence des variations considérables selon les pays7 . Des pays européens, tels que la France, la Pologne et la Russie, se sont montrés particulièrement sceptiques avec des niveaux d’acceptation de respectivement 59 %, 56 % et 55 %.

Les conséquences de cette hésitation vaccinale sont importantes. Comme l’ont dit de nombreux observateurs, la seule façon de combattre le virus est de le combattre ensemble. Les gouvernements vont travailler d’arrache-pied pour battre en brèche les vastes quantités de fausses informations qui circulent en ligne de manière à pouvoir parvenir à une véritable immunité collective.

Le casse-tête des variants

Si les vaccins sont de plus en plus nombreux à faire preuve d’efficacité, la tâche des fabricants de médicaments n’est pas pour autant terminée. L’apparition de nouvelles souches du virus Sars-Cov-2 qui provoque la Covid-19, ou de « nouveaux variants », suscite de nouvelles inquiétudes quant à l’efficacité à long terme des vaccins.

Les scientifiques se sont montrés confiants quant à la possibilité d’adapter rapidement les vaccins, mais des implications pour le grand public subsistent. Le virus va-t-il muter suffisamment rapidement pour rendre les vaccins existants obsolètes ? Pendant combien de temps les vaccins vont-ils conférer une immunité ? Des revaccinations régulières vont-elles s’avérer nécessaires (comme pour la grippe) ? Ce dernier scénario soulève la question stupéfiante, mais de plus en plus probable, de savoir si le monde devra être vacciné chaque année et comment cela sera financé.

L’héroïsme pharmaceutique

En dépit de cette liste de questions sans réponse, une chose est absolument claire : il convient d’applaudir la mobilisation et le zèle des gouvernements, des philanthropes, des services de santé et, en particulier, des entreprises pharmaceutiques, qui sont à l’origine de la production rapide des vaccins contre la Covid-19.

Les pandémies ne sont pas sans précédent, mais la médecine moderne a prouvé qu’elle était mieux équipée que jamais pour les combattre. Et ce résultat offre une excellente vitrine de ce qui peut être réalisé lorsque tous ces intervenants collaborent et s’unissent dans un but commun.

Qu’il s’agisse de tenter de venir à bout des bouleversements causés par cette pandémie ou de futures crises sanitaires, le secteur de la santé évolue rapidement et l’industrie pharmaceutique est à l’avant-garde de ces innovations disruptives. Chez BNP Paribas Asset Management, nous sommes convaincus que disruption rime avec opportunité. C’est pourquoi nous allons continuer à gratter la surface de manière à identifier ces opportunités pour nos clients, non seulement en vue de générer des performances financières à long terme, mais également pour investir pour le bien de la société au sens large.

1https://news.gallup.com/poll/266060/big-pharma-sinks-bottom-industry-rankings.aspx
2https://www.thelancet.com/journals/lanchi/article/PIIS2352-4642(19)30092-6/fulltext
3Covid-19 Deals Tracker: More Than 8.56 Billion Doses Reserved Worldwide (bloomberg.com)
4https://www.ft.com/content/e29efb8b-46ec-4815-98aa-458deffcd896
5https://www.theguardian.com/business/2020/nov/10/pfizer-and-biontech-could-make-13bn-from-coronavirus-vaccine
6https://www.bbc.co.uk/news/business-55170756
7https://www.nature.com/articles/s41591-020-1124-9

Article extrait du site BNP Paribas Asset Management

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