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Le retour de l’investisseur privé en Bourse

Publié le 22 Juin 2021 - Mis à jour le 30 Juin 2021
Frédéric Biraud
Directeur Général de Portzamparc

Il faut remonter à la fin des années 1990 pour retrouver un tel engouement des particuliers en France pour l’investissement sur les actions cotées. Depuis cette période, l’intérêt était retombé et ce n’est pas la volatilité des marchés financiers des crises de 2008-2009 et 2011-2012 qui a réconcilié les français avec la Bourse.

Il aura fallu une privatisation réussie, celle de la Française Des Jeux de novembre 2019 et une crise sanitaire sans précédent, pour générer un retour significatif des investisseurs privés vers les actions (hausse de 400 000 du nombre d’investisseurs en 2020 et de 70 000 sur le premier trimestre 2021 selon l’Autorité des Marchés Financiers).

Le propos n’est pas d’analyser en détail les catalyseurs de ce mouvement, mais de s’interroger sur ce qui pourrait le faire durer, ce qui pourrait transformer une partie des français en investisseurs de long terme sur les actions et ainsi les faire profiter des performances associées (8,5% sur 10 ans pour le CAC 40 dividende réintégré, 8,7% pour le SBF 120).

Historiquement, les périodes de fortes hausses des indices actions, conduisant à atteindre de nouveaux sommets, ont toujours été accompagnées par une hausse concomitante du nombre des investisseurs privés (1985-1987, 1998-2000 en particulier). Mais il faut reconnaître que depuis 20 ans, exception faite de 2006-2007, l’indice phare de la Bourse de Paris n’a jamais semblé être en mesure de battre son record historique (6944,77 atteint le 4/09/2020). Bien sûr, si nous corrigeons l’indice du dividende capitalisé, ce record a déjà été franchi en mai 2014, réduisant l’écart apparent du CAC 40 par rapport aux principaux indices Européens, DAX notamment et a fortiori indices US. Néanmoins, la lecture non corrigée de la performance du CAC 40, dominante auprès des non-initiés, donne la malheureuse impression que la Bourse française, même sur 20 ans, n’est pas très performante.

Il n’en demeure pas moins que les investisseurs privés français sont indéniablement de retour sur les actions. Environ 1,4 million de particuliers en France ont passé au moins un ordre d’achat ou de vente sur des actions en 2020, dont 410 000 n’avaient jamais passé d’ordre de Bourse ou étaient inactifs depuis janvier 2018 (source AMF). Parallèlement, le volume de transaction traité par les particuliers sur Euronext a été multiplié par 2,5 fois en 2020.

Alors, comment entretenir ce mouvement, fidéliser les nouveaux entrants, réconcilier durablement les investisseurs privés avec la Bourse, sans recourir à de nouvelles incitations fiscales ?

Nous avons vu que le nombre de nouveaux investisseurs en Bourse est fortement corrélé à la performance des indices Boursiers et en particulier dans les périodes où ceux-ci battent des records. C’est un phénomène tout à fait normal. Durant ces périodes, la Bourse fait rêver et semble promettre des gains élevés, rapides, qui en font oublier le caractère aléatoire à court terme. Une partie des nouveaux entrants sera donc tentée pour aller plus vite et plus fort d’utiliser des effets leviers (CFD par exemple) et/ou de remplacer les marchés des actions par le Forex, les matières premières…. Une étude de l’Autorité des Marchés Financiers du 13 octobre 2014 a observé les performances des particuliers sur les CFD et le Forex entre 2012 et 2014. Le verdict est sans appel : 9 investisseurs sur 10 ont perdu de l'argent.

Cette tentation d’utiliser la Bourse comme un dérivé des jeux de hasard peut se comprendre. Heureusement, tous les nouveaux entrants ne se transformeront pas en apprentis traders et la majorité cherchera à se constituer un portefeuille d’actions qui permettra à long terme de dégager de la performance et de réaliser ses projets.

Se transformer en un investisseur boursier performant sur le long terme, alors que vous êtes arrivé avec la vague des nouveaux entrants, qui s’est formée sur une forte hausse des indices boursiers, n’est pas chose facile. 

Mais rassurez-vous, l’adoption de bonnes pratiques va vous permettre d’éviter les pièges, souvent résultats de biais comportementaux (cognitifs ou émotionnels) et de dégager de la performance. Si la correction des indices Boursiers, que vous rencontrerez inévitablement, vous fera perdre un peu de sérénité, elle ne doit pas vous faire douter de la pertinence d’investir en actions à long terme au regard du niveau des taux d’intérêt.

Les 4 règles pour investir en Bourse

En premier lieu, il vous faudra rester investi en résistant à la pression émotionnelle que le marché va exercer sur vous, à la forte baisse, associée à la peur de perdre, à la hausse, associée à la crainte du manque à gagner.

En second lieu, votre portefeuille devra être, en permanence, et quel que soit la tendance, diversifié, c’est-à-dire composé de plusieurs valeurs (plutôt 20-25) représentant différents secteurs. Ce dernier point est primordial. Là aussi, vous devrez résister à la tentation d’investir uniquement sur les valeurs que vous connaissez (biais de familiarité) ou sur un ou deux secteurs, qui vous semblent avoir la cote. Cette diversification sectorielle va vous conduire mécaniquement à élargir vos investissements à des zones géographiques où certains secteurs sont mieux représentés. Acquérir des leaders mondiaux requiert également souvent de passer par les Etats-Unis.

La diversification diminue le risque du portefeuille mais facilite aussi les prises de décisions douloureuses. Avec un portefeuille diversifié de 20-25 valeurs, il devient moins difficile de vendre à perte: la position perdante est limitée à 4-5% du portefeuille total.

Car en effet, en troisième lieu, vous devrez conserver les actions qui montent, plus longtemps, et vous séparer des mauvais investissements, plus rapidement. Autrement dit, vous devrez résister au biais le plus fort chez l’investisseur, le plus désastreux en termes de performance, qui consiste à vendre trop tôt les titres dont la valeur a augmenté et inversement à conserver trop longtemps ceux dont la valeur a chuté (petit gain, grosse perte).

Enfin, en quatrième lieu, vous devrez rester calme pour garder le cap et respecter les trois points abordés précédemment. Si la volatilité des marchés fait monter la pression émotionnelle, le changement de cadrage vous aidera à prendre du recul, à analyser la situation sous un autre angle.

C’est en respectant ces règles simples, que l’épargnant se transformera progressivement en investisseur de long terme avisé sur les actions. Elles lui permettront de traverser les phases volatiles des marchés en lui apportant la sérénité nécessaire à des prises de décisions rationnelles.

Ces règles pourraient permettre de réconcilier durablement les investisseurs français avec les actions, en les aidant à répondre à leurs attentes de performance, en atténuant les effets de la volatilité et surtout en suscitant l’intérêt pour les entreprises cotées en Bourse.

Notre expert
Frédéric Biraud
Directeur Général de Portzamparc
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