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La question de l'inflation

Publié le 08 Juillet 2021 - Mis à jour le 15 Septembre 2021

L’économie mondiale repart de l’avant et pour de nombreux pays, notamment développés, la pandémie de Covid-19 appartient presque au passé grâce à des campagnes de vaccination coordonnées et des mesures de confinement très strictes. Compte tenu de la réouverture des économies dans le monde entier, pourquoi les marchés mondiaux ont-ils connu des épisodes de turbulence réguliers au cours de l’année ?

La menace inflationniste, qui est longtemps restée latente, a fini par resurgir et a déstabilisé les investisseurs. Cette réémergence de l’inflation n’est-elle qu’une conséquence temporaire des mesures extrêmes de confinement de l’année dernière ou va-t-elle contraindre les investisseurs à se préparer à une augmentation des prix sur le long terme?

L’inflation augmente

Depuis le début du siècle, les investisseurs n’ont pas vraiment eu à s’inquiéter de l’inflation, celle-ci restant obstinément faible malgré une politique monétaire accommodante à long terme, catalyseur d’une relance massive. Néanmoins, les données actuelles laissent présager une forte remontée de l’inflation. Les dernières données aux États-Unis ont fait état d’une augmentation de 4,2 % des prix à la consommation en avril par rapport aux niveaux de l’année dernière, soit la hausse la plus marquée depuis septembre 20081.

Les responsables politiques se sont efforcés de rassurer les marchés en affirmant que cette hausse de l’inflation à court terme n’était pas inquiétante, mais d’autres voix influentes ont remis en cause ce point de vue. Janet Yellen, la secrétaire au Trésor américain et ancienne présidente de la Réserve fédérale (Fed), a été contrainte de rétropédaler après avoir évoqué récemment la nécessité d’un relèvement des taux d’intérêt américains. L’ancien secrétaire au Trésor Larry Summers et l’ancien économiste en chef du FMI Olivier Blanchard ont tous deux accusé l’administration Biden d’attiser l’inflation par des mesures de relance budgétaire excessives.

Face à ces messages contradictoires, existe-t-il une réponse définitive à la question de l’inflation ?

L’inflation est un problème temporaire…

Pour beaucoup, les motifs qui sous-tendent la hausse de l’inflation sont simples et ne devraient pas déclencher de signaux d’alarme. La remontée récente des prix est en grande partie attribuable aux effets de base, c’est-à-dire à l’effacement de la chute des prix, en particulier des matières premières, qui a suivi les premiers confinements en mars 2020 et déprimé l’inflation globale.

Avec l’assouplissement des mesures de confinement et la réouverture des secteurs des services, les prix des biens et des services sensibles aux périodes de confinement commencent à se stabiliser. En outre, si l’on se base sur la réouverture des économies de l’été dernier, les prix des billets d’avion, des locations de voitures et des divertissements devraient à nouveau augmenter dans les mois à venir.

La demande de biens devrait également croître, en raison de l’amélioration de la confiance des consommateurs et de la forte hausse du revenu disponible de nombreux ménages. La pandémie pourrait avoir généré 1 600 milliards de dollars d’épargne excédentaire des ménages uniquement aux États-Unis2. Cette surabondance d’argent disponible a été amplifiée par le dernier plan de relance du président Biden, qui a distribué des chèques de 1 400 dollars à de nombreux ménages américains.

Les goulets d’étranglement au niveau de l’offre sont un autre moteur de l’inflation « à court terme ». Là-encore, la pandémie a gravement perturbé les chaînes d’approvisionnement l’année dernière, ce qui a fait baisser les stocks dans de nombreux secteurs et zones géographiques, et les utilisateurs n’ont pas été en mesure de se réapprovisionner. La pénurie de semi-conducteurs en est l’illustration la plus manifeste. Étonnamment, cette tendance n’affecte pas seulement la production de biens technologiques, mais elle a également ralenti la production d’appareils ménagers et de nouveaux véhicules qui intègrent eux aussi des semi-conducteurs. Et toute pénurie se traduit par une augmentation des prix des produits concernés.

Enfin, les pénuries sur le marché du travail pourraient pousser les employeurs à offrir des primes ou des salaires plus élevés pour inciter les travailleurs qualifiés réticents à rechercher un emploi. L’augmentation des salaires et du revenu disponible devrait avoir un impact inflationniste sur les coûts du logement, en particulier sur le marché locatif, dont les données indiquent déjà que les nouveaux contrats sont conclus sur la base de loyers plus élevés.

De nombreux économistes, y compris ceux de la Fed, estiment que ces facteurs sont temporaires et que l’inflation va renouer avec les objectifs fixés, comme cela s’est produit après la Grande crise financière.

…ou alors un changement de régime d’inflation a commencé

Une deuxième école de pensée, à laquelle BNP Paribas Asset Management souscrit, estime qu’au-delà des effets de base et des goulets d’étranglement temporaires, certains facteurs cycliques et structurels tendent à montrer qu’un changement de régime majeur est à l’œuvre et que l’inflation sera durablement plus élevée.

Premièrement, on assiste à une reconfiguration des chaînes d’approvisionnement mondiales. Historiquement, la mondialisation a été une force déflationniste, mais l’ère Trump a déclenché une montée du protectionnisme qui a ensuite été exacerbée par les effets perturbateurs de la pandémie sur les chaînes d’approvisionnement. Aujourd’hui, tant les pays que les entreprises diversifient, réorganisent et relocalisent de plus en plus les chaînes d’approvisionnement vulnérables, en donnant la priorité aux produits médicaux, aux vaccins, aux micropuces, ainsi qu’aux technologies avancées telles que l’intelligence artificielle et la conception de batteries, qui revêtent une importance pour la sécurité intérieure et nécessitent un certain degré d’autosuffisance et de protection au niveau national. Le ralentissement de la mondialisation, lié également à l’augmentation des droits de douane sur les échanges commerciaux et aux restrictions imposés aux transferts de technologie, devrait réduire la concurrence et renforcer l’inflation.

Deuxièmement, les réponses monétaire et budgétaire à la pandémie, sous la houlette des États-Unis, ont été sans précédent par leur ampleur, leur niveau de coordination et leur ambition, et constituent également une autre source potentielle d’inflation à long terme. Les confinements mis en place pour freiner la pandémie ont constitué un choc économique très différent de celui infligé par la crise financière mondiale et devraient permettre une reprise beaucoup plus rapide. Pour beaucoup, dont Larry Summers et Olivier Blanchard déjà cités, l’ampleur des mesures de soutien budgétaire présente un risque évident de surchauffe des économies, de baisse du chômage et d’inflation des salaires.

Enfin, de nombreux observateurs estiment que l’environnement de faible inflation de ces 20 dernières années est une conséquence des pressions démographiques nationales et mondiales, la croissance modeste de la population en âge de travailler ayant été soutenue par une immigration nette. La plupart des économies développées vont connaître un basculement démographique : le vieillissement des populations va accroître le fardeau des systèmes de retraite et de santé, tout en réduisant les taux d’épargne mondiaux. Combiné à des restrictions plus fortes en matière d’immigration et à un ralentissement de la croissance de la population active, l’impact de ces tendances devrait entraîner une hausse des salaires réels et de l’inflation, même si, parallèlement, les inégalités devraient diminuer.

L’évolution démographique de la Chine illustre parfaitement ces effets inflationnistes potentiels. Ces 30 dernières années, l’expansion économique du pays a largement bénéficié d’une augmentation de 30 % de sa population en âge de travailler, ainsi que de flux migratoires sans précédent des travailleurs des campagnes vers les villes. Mais cette évolution démographique est sur le point de s’inverser. La baisse de l’âge de la population active devrait faire remonter salaires, les Chinois passant du statut de « producteur net » à celui de « consommateur net », ce qui créera une concurrence accrue pour recruter des travailleurs productifs.

Une intervention imminente des banques centrales?

En cas de hausse de l’inflation, les banques centrales ont pour habitude de durcir leur politique monétaire. Et la perspective d’une hausse des taux d’intérêt est manifestement une préoccupation majeure des investisseurs les plus sensibles, les marchés mondiaux ayant fortement reculé ces derniers temps au moindre signe de remontée de l’inflation.

Cependant, les banques centrales font preuve d’une approche beaucoup plus pragmatique.

L’été dernier, la Fed a adopté un nouvelle approche baptisée « ciblage flexible de l’inflation moyenne » (Flexible average inflation targeting – FAIT). Plutôt que de chercher à atteindre de manière préventive son objectif d’inflation de 2 %, la nouvelle approche de la Fed, plus réactive, permettra à l’inflation d’être soit inférieure soit supérieure à cet objectif « pendant un certain temps » afin de lisser son niveau global à environ 2 %.

Son président, Jerome Powell, a répété à plusieurs reprises que les tendances inflationnistes actuelles étaient « transitoires » et que la banque centrale ne commencerait pas à réduire sa politique monétaire avant que l’économie ait fait des « progrès significatifs » vers ses objectifs de plein emploi et de stabilité des prix.

Et lorsque la Fed intervient, les autres banques centrales lui emboîtent souvent le pas. La Banque centrale européenne a fait savoir qu’elle n’hésiterait pas à utiliser tous les moyens à sa disposition pour éviter un durcissement des conditions financières. Pourtant, si l’on en croit l’activité récente sur les marchés, les investisseurs ne sont pas tout à fait convaincus par l’attentisme des banques centrales.

Attachez vos ceintures, turbulences en vue

Seul le temps dira si la hausse actuelle de l’inflation sera temporaire ou persistante. Mais une chose est certaine, ce manque de visibilité créera des turbulences permanentes sur les marchés mondiaux et les prochaines données seront passées au crible pour y déceler des signaux définitifs.

Les investisseurs doivent donc s’attendre à ce que leurs nerfs soient fréquemment mis à rude épreuve. L’incertitude est au cœur de cette période de Grande instabilité, mais les accès de volatilité créent également des opportunités d’investissement intéressantes et les phases de correction peuvent – et doivent – être considérées par les investisseurs prudents comme des points d’entrée sur les marchés.

Chez BNP Paribas Asset Management, nous avons à cœur d’aider les investisseurs à s’adapter à ces temps incertains, et leur donner les connaissances nécessaires pour prendre des décisions d’investissement plus avisées. Nous investiguons avant d’investir et examinons les choses sous tous les angles car, dans un monde qui change, il faut avoir l’esprit ouvert et se montrer curieux pour trouver les meilleures opportunités.

1https://www.bls.gov/news.release/cpi.nr0.htm
2https://www.spglobal.com/marketintelligence/en/news-insights/latest-news-headlines/consumers-to-unleash-trillions-of-dollars-in-excess-savings-when-pandemic-ends-62511820

Article extrait du site BNP Paribas Asset Management

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